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J’ai un truc dans le ventre

Dans mon dernier article, je parlais du besoin de mouvement, de renouveau et des angoisses qui me prenaient depuis mon dernier emménagement. C’était il y a plus d’un an. Pas un article depuis… malgré les encouragements d’un camarade philosophe que je croise une fois par an. Et malgré mon poignet droit qui me démange.
J’étais occupée à d’autres choses : Le sport, la marche, l’aménagement de mon chez moi, l’entretien de nouvelles relations amicales, encore le sport, le travail, les fruits et surtout les vendanges, la marche encore, et les nuits en montagne, la famille, une fracture et la convalescence qui va avec, le retour au travail, les doutes et les « petits pas ». La nouvelle année et des bougies à souffler. J’ai 33 ans. Bref, j’ai toujours milles excuses.
Des mois ont passé depuis « Point d’ancrage ». Le noeud de questions et doutes que j’évoquais est toujours là. Peut être qu’ils se déserre un peu… Je ne sais toujours pas dans quel sens je dois sprinter. Je zigzag encore entre la vie itinérante et la vie d’entreprenante. Entre les expériences éphémères et une expérience mère.

Je reviens d’un excellent week end de formation « Permaculture » lors de laquelle nous avons comparé diverses méthodes d’agriculture et aborder des solutions pour lutter contre la sécheresse et d’autres problématiques environnementales. Deux jours enrichissants durant lesquels le formateur s’est basé sur nos cas particuliers et nos interrogations respectives pour adapter son programme, sans éliminer la partie théorique essentielle.
Depuis, je me goinfre de vidéos sur la synthropie, le MSV, la reforestation, les outils maraîchers, la grande muraille verte d’Afrique, …
Depuis, j’ai envie de m’activer sur le terrain, de créer des associations d’entraide, de lancer un projet de plantation avec les écoles et les pépinières locales, de dévorer des livres scientifiques et des témoignages d’agriculteurs.
En attendant, je continue mon boulot d’employée agricole et aujourd’hui, dans mon coin avec mon angine persistante, j’écout le podcast Les engagées. S’enchaînent dans mes oreilles, l’histoire d’un nageur amputé, de la fondatrice des Petits Princes, d’un sauveteur de Haute Montagne, de l’inventeur du microDON,…
Je pense alors à cette formation, puis à mon projet agricole. Et de tout ce que j’ai pu entendre et observer en 3 jours, ce que je déduis c’est que la première chose à faire dans tout ça… dans tout, en fait… c’est…

OSER.

La suite… c’est mon prochain article :

L’ENGAGEMENT

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Point d’ancrage.

 » J’aimerai bien devenir agricultrice et garder les yeux ouverts sur le reste du monde. « 

Je me dis ça en même temps que je me renseigne pour voyager en bateau jusqu’en territoire de Highlands, alors que j’eménage d’ici quelques jours dans la petite maison de ma (potentielle) future ferme.

 » J’aimerai avoir un jardin joli, nourricier, artistique, sans qu’il m’emprisonne, me prive du mouvement. Avoir mon propre espace de culture, d’expérience, d’expression, de confidence. Pouvoir continuer à découvrir d’autres espaces, en restant fidèle à mon jardin. Dont je prend soin, en lui laissant, quand même, des périodes de libre expression, de sauvagerie. Et ça, pendant que moi-même, je m’autorise une escapade en toute liberté, me déchargeant du labeur que demande la terre nourricière. Juste un temps, pour reprendre mon souffle, retirer mes œillères, retrouver l’envie, casser la routine. C’est plutôt un bon compromis, non?
Un idéal, peut-être… « 

Je trouve que le plus dur, quand on se lie à la terre, c’est de lui faire des infidélités. De temps en temps, goûter et sentir d’autres espaces, cultures. Tout bêtement : aller voir ailleurs.
J’ai longtemps pensé que si l’on ressentait ce besoin, c’est qu’il y avait un problème, une erreur dans l’équation. Une récente expérience me fait dire aujourd’hui que se priver d’ailleurs, c’est être en apnée.
Et je le vois dans toutes les disciplines : en plein effort, mon souffle est à l’arrêt et je vire au rouge.
Il me faut réapprendre à respirer.

C’était ça que tu voulais m’apprendre ?
Je comprends mieux, aujourd’hui, tout ce que tu m’as dit. .
Il y avait tout. Tout à faire, à voir, à comprendre. Il fallait juste en prendre soin et l’apprivoiser.
Mais notre empressement et les non-dits autant que la peur, nous ont conduit à faire des choix inadaptés qu’il faut maintenant assumer. Tu resteras dans mon corps comme le souvenir d’un lieu malmené, devenu forêt. Où je me suis perdue. J’aurai tenu dans le temps grâce à un entêtement insensé, jusqu’à chuter.
Nous étions l’expression de mon manque d’écoute, de mon impatience et mon empathie mal dosée, ainsi que de tes propres défauts. Le coup de fouet qui m’aura réveillée, encore plus que les précédents. Je refuse la conclusion de l’incompatibilité. Je préfère parler d’un mauvais timing, d’un cumul de faux pas qui, ironiquement, nous aura fait bien avancer.

Après un temps bloquée, j’ai repris le mouvement. La marche, la route, le train, les nuits en tente et en lieux inconnus. Le retour aux racines. Et l’aventure. Un souffle. C’était dans l’air du temps, autour de moi. La conjoncture sociétale appelle au changement.
En reprenant le voyage, à micro-dose, j’ai cependant remarqué qu’une part d’entre nous aime la stabilité et se complait dans l’ancrage, la routine, les habitudes qui ne changent pas (trop)(souvent). Ce n’est pas mon cas. La répétition et l’immobilité m’effraient car je trouve qu’ils endorment notre capacité d’adaptation, clé de la survie. Et pourtant, cette semaine je me suis surprise à rêver d’un appartement en centre ville, un emploi salarié fixe et de l’espace temps pour des hobbies. Une routine dénuée de responsabilité professionnelle.
Ca vient maintenant que je choisis l’ancrage en reprenant trois petits terrains et une vigne fébrile, maisonnette comprise, en location. Une sensation d’emprisonnement, d’étouffement m’a prise au moment des premiers cartons allant d’un logement à l’autre.
J’ai voulu faire demi-tour mais j’ai finalement suivi les encouragements de l’entourage. Changer de tactique et écouter ceux qui ont essayé. Et comprendre que mon état n’est peut-être que le fruit de la peur.
Mais comment, dans un tel moment, différencier l’angoisse de se lancer et échouer, d’une réaction instinctive de fuite ?
C’est tout un noeud de questionnements et de choix qui m’embourbent le cerveau : quelle forme de liberté adopter? Celle du mouvement et de la légèreté ou celle d’entreprendre et de s’ancrer.

Je donne raison à Antoine : Je ne suis plus celle que j’ai été et je ne serai bientôt plus celle que je suis.
L’occasion de repartir ailleurs reviendra. Celle d’essayer ça est à prendre ou à laisser.
Une expérience.

« Je n’arrive pas à lire Sylvain Tesson. C’est trop de descriptions d’endroits et de lieux qui me sont totalement étrangers. J’ai besoin d’images car mon imaginaire s’est éteint. » je disais l’autre jour à table. L’adaptation en BD de Dureuil m’aidera à dépasser ce handicap. Merci l’artiste.
Je plonge ce matin dans L’Energie vagabonde, en m’échauffant par la copie d’un croquis d’îles qui illustre la fin d’un des romans du recueil. Dessiner m’avait manqué, j’ai perdu le coup de main.

Je pense à l’Ecosse. Et à mon verger qu’il faudrait tailler. Arroser.

Je pense à toutes les montagnes que j’aimerai rencontrer, à tous les livres que j’aimerai dévorer, à toutes les régions de France que je n’ai pas traversées.
Et à mon futur lieu de vie en travaux. Au sol mort de mon terrain. A tout le matériel qu’il faudra pour le soigner.

C’est un pari fou de se réparer en réparant une terre épuisée.
Le potentiel est là. Il ne reste qu’à changer les pratiques et rééduquer. Dérouiller la machine. Donner de l’air.
Accepter l’aide. Etre patient.

Je suis lente et impatiente. Hypersensible et oisive.
L’agriculture m’apprend.
La marche me répare,
La solitude m’inspire.
L’expérience, l’audace et la grimpe m’aident à trouver l’équilibre.

Je suis un bourgeon latent. Et j’ai soif.

Restez attentif, cette article n’est pas terminé.
J’ai envie de répondre à Camille.

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Ligne (tordue) de vie

Hiver 2022 – Taille

La fenêtre sans rideau offre un réveil avec un Canigou rosé, au chef couvert de neige.
Il fait légèrement froid dans le lit. Le petit déjeuner aux restes du repas japonnais donne envie d’un thé plutôt qu’un café. J’aimerai danser sur du rock vêtue d’un kimono et taper dans un sac de boxe.
Humeur matinale.
En fond sonore, Freddy vocalise une vérité :
Love kills, drills you through your heart, […] scars you from the start
It’s just a living pastime, Burning your lifeline

Ma tête est parfois si lourde que j’ai peur qu’elle me tombe sur les pieds.
Ce matin, j’envoie mes réflexions traverser l’Atlantique. Sans autre but que de partager des réflexions et ressentis. Ou peut être de se délester le coeur et l’esprit en espérant que, sur le trajet, ces poids se transforment en plumes.
Et puis, je m’enfuis à la vigne avec ma compagne à quatre pattes.
Quand Stevie Wonder se met à chanter une reprise des Beatles dans mes oreilles, la chienne me regarde, la tête de travers, parcourir la vigne en faisant des bonds et parlant une langue qui lui est inconnue.

« Est-ce qu’elle me propose de jouer? » – La chienne

Think of what you’re saying
You can get it wrong and still you think that it’s alright
Think of what I’m saying
We can work it out and get it straight, or say good night

Printemps 2022 – Ebourgeonnage

Grêle dans les vignes. Sécheresse après gel. Manque de raisin. Pas de Macaline 2022.
Black rot. Arbres assoiffés. Chevreuils gourmands. Lièvre traversant la route.
Sortie des vignes, je descends le chemin du casot comme il y presque six ans.
A demi nue entre les sarements, les feuilles de vignes contre ma peau. L’odeur du soufre me pique au nez.
Le sentiment amoureux qui s’échappe. Bouteille vide.
Chasser du poisson à la flèche.
Manger de l’ail et de l’huile d’olive. Et du riz.
Femme pâtes devenue femme riz (ou pâtes de riz).
Motivée.
Fatiguée.
Légère.
Comme la semaine passée. Seule et libre.
Demain, se réveiller dans les vignes? Et retourner au quotidien.

Je croise des lièvres quand j’arrive au bout des histoires.
A l’heure aussi des adieux.
On croyait connaître la fin.
Et finalement, j’écris le tome 2.

Ca rêve de la vigne et d’un camion pour y ouvrir les yeux avant le monde.
Mais est-ce vraiment sage d’entreprendre quand tout part à vau l’au?
A la base, j’écris.
Même si c’est improductif.

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Train spotting

Polyphonie

Polygamie

Polyvalence

Polytechnique

Polyphasée

Polyamour

Polyégo ?

Poly. Du grec Polus, « nombreux ».
En chimie, indique qu’un composé possède plusieurs fonctions, différentes ou identiques […]

Poly – sage.

Bonheur poli.

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Vidange d’automne

En général, quand je suis malade, ce n’est pas à moitié.
C’est rare mais c’est gros.
Cette fois, je n’ai pas cherché l’originalité, plutôt la tendance: CoV-19. Le variant Delta, probablement.
J’ai gagné dix jours d’isolement, un pass de loisirs pour six mois et une perte sévère du goût des convictions.

Jour 1. Le foyer est contaminé. Huit copains sont positifs… Ne cherchons pas plus loin.
C’est le temps du repos et il commence bien.
Les premiers jours, on en profite pour traîner plus longtemps au lit.
Mon avantage? Nous sommes deux, et amoureux.
On se dit « c’est moins pire que la grippe » et on se lève tant bien que mal pour rester actifs.
Au bout de trois jours, on me demande où je trouve mon énergie?
« L’instinct de survie ! La léthargie me consume, l’action me soigne. »
C’est assez paradoxale pour quelqu’un qui réfléchit trop, surtout avant d’agir.
Je pourrai me reposer, lire et écrire. L’isolement est d’ailleurs une source d’inspiration. Je me voyais bien écrire toute la nuit. 10ème jour : Il reste encore du blanc sur la première page. Et pourtant, j’ai la caboche pleine et le poignet qui gratte.

Pour me faciliter la tâche, j’ai adopté un chiot cette semaine. Ca ajoute un peu de vie, alors que mon corps laisse défaillir mes poumons. En recherche psycho-émotionnelle, on trouvera qu’un problème aux poumons révèle la peur de la mort. Quand à la médecine traditionnelle chinoise, elle associe le poumon a l’automne et la tristesse ou l’inquiétude, à une mauvaise circulation des énergies, du qi. Moi, je constate que j’étouffe.
Je passerai deux jours en quête d’oxygène. La colère n’aide pas. Et tristesse est bien là, effectivement. Facile de sortir pour elle, c’est la période menstruelle. L’inquiétude? N’en parlons pas.
« Avoir un chiot, ça va coûter cher. » C’est la réflexion, en sortant du magasin de bricolage, avec des jouets pour animaux et trois types de laisse en main. Je quitte le parking avec un constat, une rayure sur le pare-choc arrière et un malus sur mon assurance.
Joli départ économique.

L’inquiétude est financière, médicale et sentimentale. Elle concerne l’isolement et la fuite, aussi.

Fin d’isolement et plongeon dans la foule. Premier pas: boire une bière à la terrasse du café, le soir, au froid, avec un ami de passage. Déjà un an qu’il a quitté la région. Il s’en est passé des histoires. La preuve que nous sommes en mouvement. Il y a eu des ruptures, des rencontres, des rebondissements, des naissances, des allers et venus, des déménagements, des constructions, des avancés. Mais globalement, le décor n’a pas vraiment changé. Un peu plus de bordel, certes. Je souris.
Loin de nous l’ennui.
On se dit à demain, c’est un plaisir de se revoir.
Matin de marché, encore enrhumés. Tous les ex-covidés ont encore un peu les yeux vitreux. Je n’ai pas retrouvé pleinement ma voix et je balade ma chienne qui découvre la vie humaine. Après le café du réveil, on rentre pour sa sieste avant de retourner à la ville. Quelque chose dans l’air m’inquiète. Une tension.
Comme si la fin de l’isolement marquait le début d’un nouveau chapitre.
De retour à la terrasse, pour un pastis d’après midi, cette fois. Un deuxième, troisième. Un quatrième de trop.

 » La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe. C’est apprendre à danser sous la pluie. »


Près d’une semaine plus tard.
Il pleut depuis hier, comme en Nouvelle Zélande. On revient de balade trempés. La lumière est absente.

« Je n’ai pas peur de la transparence, des mots ni des paroles qui blessent. Ni des pensées folles. J’ai peur des silences plutôt. Des mensonges surtout. Des faux-semblants.
J’ai peur des gens fous qui se taisent, se cachent. J’ai de la peine pour tous les cerveaux camisolés par la société, par nos codes, par la sécurité que promet l’organisation, la loi, l’éducation. Mais j’ai en même temps peu confiance dans l’anarchie, la révolte, l’insécurité, l’état sauvage des temps modernes. Ces alternatives m’attirent sans jamais réellement me convaincre. »
– moi, plus tôt.

Certains disent que l’amour dure trois ans. D’autres observent que le couple passe un cap tous les trois ans, et soit ça passe, soit ça casse. Moi, je crois que l’homme est mauvais pour expliquer l’amour. Sauf les Beatles:
« And at the end, the love you take is equal to the love you make. »

Ou encore Alfred Musset :
 » Frappe toi le coeur, c’est là qu’est le génie ».

Je donne raison à ceux qui déplacent des montagnes par amour.
A ceux qui sont investis corps et âme à la préserve de cet état.
Mais j’entends aussi ceux qui séparent la fidélité de l’exclusivité.
Et donne tord à ceux qui se déguisent pour mieux tromper.

« C’était donc cela, le sens, la raison d’être toute une vie : si l’on était là, si l’on tolérait tant d’épreuves, si l’on faisait tant d’efforts de continuer à respirer, si l’on acceptait tant de fadeur, c’était pour connaître l’amour. » – A. Nothomb.

Cet après midi là, au troisième pastis, je me suis pris un uppercut direct dans le coeur. Le retour à la maison m’a mise K.O.
J’ai hurlé. Dans le vide. Face à un adversaire intouchable. Plus musclé.
Aujourd’hui il pleut. Depuis 48h. Les balades de novembre se font dans la grisaille sentimentale. Ma chienne court dans les flaques pendant que je danse entre les arbres, sous le craquement des feuilles.

Baby you don’t know, you don’t know my mind !

Décembre. Ready for a second round, babe !

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Eoliens

Un domaine menacé par l’économie, le mensonge et la rupture.
Un autre qui ferme, au profit d’un nouveau qui s’agrandit.
Une vendange improbable.
Un coq qui chante les pattes dans la merde.
Un renard qui voit des histoires.
Un phénix qui s’éteint et s’enflamme de façon éphémère.
Une allégorie d’un sanglier qui dort sur le canapé, et parle.
Du vin qui coule, de l’eau qui nettoie.
Des cacahuètes qui se cachent pour mûrir.
Des allers-retours entre deux amours.
Coeur rive gauche : une fine équipe, complice et fidèle.
Coeur rive droite: deux entités en confirmation d’eux même. Une entraide.
La femme glisse de la paroi et cherche une prise.
Elle s’agrippe, il la regarde, l’encourage.

Un mardi de pleine lune en poisson.
Des raisins en sous maturité menacés par le temps,
Des copains et du soutien au milieu de la fatigue et du doute.
La voix du « qu’une seule vie ».
Un camion débordant de fruits devant une cave provisoire en terre battue,
Une cuve trop petite, une autre qui fuit.
Une troisième avec trois pieds, instable.
Situation précaire, relation bancale.
Il y a du mouvement, des humeurs, des ratés.
« Ce n’est pas grave. » Mais c’est important, pour moi.
Ça ne change rien, le reste est stable ?
Stabilité

  1. Qualité de ce qui tend à conserver sa position d’équilibre.
  2. Caractère de ce qui se maintient tel, sans profondes variations, pendant un temps assez long.

Fin de journée: l’escalade a laissé des traces bleues sur les jambes.

Vin Numéro 3 :
L’Eoliens 2021
Carignan, majorité Mourvèdre et un pied de Muscat.
Il fallait bien retenter un essai avant de repenser à s’installer.
Saisir l’opportunité de s’essayer, s’assurer qu’on est sur la bonne voie.
Laborieuse déraison.
« Et si la folie avait été de ne rien faire? »

Et si la folie c’était de (s’)interdire ?

Illustration par Andréa – Le vent se lève – Domaine Eole.



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Pâte à nouilles.

Ce serait lui l’amoureux ?
L’intrépide et lunaire personnage,
Capable de supporter l’insupportable,
Pardonner l’impardonnable.
Capable de tolérer les maladresses de l’autre,
Sans rancune, aucune.

Ce personnage férocement tendre…
Capable de voir dans les travers et les agressions de son autre, la fragilité et l’incohérence humaine.
Capable d’accepter l’émotion et la laisser faire sa route.
Rencontrer la colère et l’affronter.

Ce personnage qui, au premier virage du sentier commun, se retrouve les poches trouées.
Et de là sème, tout du long, à chaque faux pas, le miettes de ses erreurs verbales et comportementales.
Ce personnage qui, à force de s’égratigner, se rend capable de montrer son vrai visage, progressivement.
Sans plus n’avoir honte d’être faible.

Je m’étais laissée persuadée par Tchekov que l’amour n’était pas pour moi (cf. un des premiers articles de ce site).
Peut-on choisir ?
Si ça vous tombe dessus, je vous conseille de ne pas lutter.
Oui, c’est dangereux. Mais on y gagne.
Pire que de « tomber amoureux » serait de se rendre aveugle face à cet état, non ?

C’est tellement fragile qu’aucun de nous ne semble savoir comment ne pas briser « ça ».
Si quelqu’un sait, qu’il parle !

Et puis d’un coup, on saisit l’instant.
Ca ne dure pas, penses-y !
Tu survivras à l’après, comme tu as vécu l’avant.
Mais prends des forces. L’amour et la colère n’attendent pas ton signal.

Entre deux allées de cacahuètes symboles du choix de l’ici et maintenant,
je réalise la valeur de l’itinérance et sa préciosité.
Choisis de partir et tu t’épargneras le manque.
Ici, maintenant, à dix jours d’un au revoir, je comprends le rôle du manque.
Le manque est là pour combler un espace vidé, le temps qu’il soit occupé.

Soit celui qui part et, dans ton itinérance, tu parviendras dès la première escale à combler le vide créé en décampant.
Accueille la tristesse du départ et la culpabilité qui peut émerger. Regarde la trace que tu laisse et sois fier.
Quand à celui qui reste et qui te voit partir, il n’aura plus qu’à choisir entre retrouver sa solitude et cultiver ton absence,
ou proposer l’espace libre au prochain voyageur sans laisser le manque coloniser l’espace à l’image d’un adventice.
Qu’il t’aime et qu’il respecte ton choix. Te remercie de ce que tu as déposé chez lui, et de l’avoir enrichi.


Si ce dernier accepte ton choix et se ressaisis pour vivre pleinement ce court-métrage, il saura comprendre l’essence de ce passage/partage.
Elle était protagoniste dans l’introduction et vient clôturer aujourd’hui un nouveau chapitre.
Je pense au théâtre de Molière et au masque qui tombe avant le rideau final.
La vérité et l’honnêteté n’ont peut être pas leur place dans les premières pages.
Après tout, qu’aurait-on à raconter, si tout était beau, simple et vrai dès le commencement ?
Qui s’intéresserait à une histoire déjà résolue ? Que feraient les personnages d’autre que de s’ennuyer et tourner en rond sur la scène?

J’ai passé une belle soirée improvisée hier « à la maison ».
Il n’y avait pas de règle, pas de jugement. Juste des instants et des émotions.
Des rires, des actions et des pas vers l’avant.




Je publie quelques semaines après ce départ évoqué.
L’après est encore plus beau.
On se tatoue le corps à l’encre et l’aiguille, moi je marque mon être avec l’énergie des gens.

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Organic Rhapsody

C’est un matin de juin.
Un mardi comme au camping
Sortie de la tente avec lenteur.
La nuit a été courte et entrecoupée:

Le froid, les visites nocturnes ont perturbé un sommeil que j’aurai souhaité lourd et profond.
Avec une demie motivation je pars courir dans une autre direction.
Chemin de forêt: j’y rencontre un arbre au grand sourire.
Rentrée d’un tour très court j’entends Freddie me fredonner à l’oreille que la journée sera belle.
Il ne tient qu’à moi. Alors je remets mon pull jaune.

C’est l’été. C’est léger.
Les repas sur les canapés à la tombée de la nuit trainent jusqu’à la mi nuit.
Le dialogue est comme un courant d’eau.
Je me laisse porter jusqu’au prochain océan.

« L’amour c’est quand quelqu’un vous ramène à la maison, quand l’âme revient au corps, épuisée par des années d’absence. »

[…]
J’aurai du savoir que si cette belle journée m’était annoncée par le génie Mercury,
on courait le risque d’une fin tombant dans le drame.
J’ai croisé Colère à l’apéro sans m’attarder à sa table.
Note pour moi-même : il y a du progrès.

Le regard des autres et leurs mots me ramènent à la réalité pour vite chasser la parano.
Certaines craintes sont cependant justifiées.
Ce soir, je choisis le lit du voyage pour une aventure périlleuse.
Je me suis laissée bercer par Vérité jusqu’à en avoir la nausée.
Quelqu’un a tiré l’alarme: il faut quitter le navire au plus vite !
Sautant sur ma bouée de sauvetage je me heurte à mon instinct et retourne dans ma cabine.
J’entends la voix d’un médecin qui me rappelle:

Je suis le capitaine de mon bateau.

Au matin. La solitude me donne rendez-vous en haut de la pergola, le temps d’un café qui devient vite froid.
L’éclair d’hier soir m’a ouvert la cage thoracique et transpercé le coeur.
Ca fait un mal de chien.
Je suis dans le même état que notre oie de Guinée, croquée à la gorge par un prédateur a demi rassasié.
Maintenant que j’ai vu les effets de l’argile sur une plaie,
Je comprends que c’est le moment pour un cataplasme.

Peut-être qu’on peut réparer un trou dans une coque avec du tape?

Il y a eu la Guérison.
Le courage.
La percée.
Et deux rencontres avec les serpents.
Ai-je vraiment besoin d’une nouvelle carte alors que j’ai du foin à répandre au milieu des cacahuètes?

And in the end
The love you take
Is equal to the love you make

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Parole de pied

Ca commence par le chiffre 30 et le passage des ans.
Les bilans qu’on fait par dizaine, pour lui, par année, pour moi.
Après coup, je réalise qu’à ce moment déjà, il a la main sur la vanne.
Les déceptions.
L’horloge tournante.
Les blessures et mauvaises attentes.
La confiance qui s’égare.
Les liens solides qui se renforcent d’autre part.

Mission de séance: libérer le système lymphatique.
Ne me « rate » pas s’il te plait.

Il touche mon pied et une image apparait.
Comme si on allumait la télé.
Sa question concerne l’avenir et je réponds en conjuguant au passé.
Mes yeux me trahissent.
La vanne est ouverte.

Il y a des personnes qui par un geste ou un regard
Comprennent ce qu’aucune science ou logique ne peut expliquer.
On pourrait leur faire confiance aveuglément.
Jusqu’à ce qu’il vous rappelle que le capitaine du navire, c’est vous.
Et que les mirages sont nombreux, surtout quand le corps fatigue.

Trois fois par jour, courir.
On corrige: Trois fois par semaine, trois quarts d’heure pour soi.
Aller rencontrer les soeurs du Perthus.

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Portes battantes

Choisir c’est renoncer.
Non, choisir c’est décider et avancer.
Choisir c’est prendre une voie et faire un pas.
Parfois en avant, parfois en arrière.
C’est ouvrir une porte, en fermer une autre.

Tout est une question d’ouvertures. Et fermetures.
Baisser une poignée, tirer un verrou.
Découvrir ce qui vit derrière.
Se risquer à la rencontre. A faire entrer/sortir quelqu’un ou à changer de pièce.
C’est plus lourd qu’un lever de rideau qui ne laisse passer que les personnages.
Passer un seuil, c’est accepter l’événement.
Pourquoi crois tu que les portes claquent sous le vent?
Le vent crée le mouvement. Le changement.

Au pays de la tramontane, les portes sont battantes et le climat propices aux évènements.
Change de cap si tu aimes le calme.

C’est maison ouverte et mobile. La vie.
L’entrée est ronde et les couloirs longs.
Tous les passages se ressemblent mais toutes les pièces sont différentes.
Tu ouvres et fermes, entres et sors. On t’ouvre des portes, on t’invite ailleurs.
Tu construis des murs, tu ajoutes des meubles. Tu décors, tu détruis.
Tu refais, tu repenses et avances.
Tu ouvres et fermes des portes.

Choisis bien tes voisins et ne laisse pas entrer le regret.
Sèmes tes cacahuètes.
Tu auras toujours une clé.